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« Le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral. »
Pape François, Encyclique Laudato si’, 2015

Lorsque l’on visite aujourd’hui les villages de la plaine de Ninive, Qaraqosh, Karamlech, Bartella… on mesure l’énergie qu’il a fallu dépenser, après le départ de Daech, organisation État islamique, pour déminer, déblayer les rues, reconstruire les habitations... Alors qu’il reste encore des maisons détruites, brûlées, d’autres ont été totalement remises en état, ce qui a permis à des familles de revenir vivre chez elles.

La reconstruction matérielle, si elle est essentielle, n’est qu’un point de départ. Pour que des vies renaissent, il faut que le lien social puisse se retisser, que l’économie puisse repartir, que des projets puissent se former, qu’un avenir puisse se rêver. Une partie de la population, en particulier la jeunesse, souhaite inscrire cette renaissance en prenant en compte des enjeux sociétaux et environnementaux.

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« Nous allons pardonner parce que nous sommes chrétiens et que c’est le message du Christ, ce qui ne nous empêche pas d’avoir perdu confiance et d’être vigilants pour notre sécurité. »
Mahaba, jeune irakienne de 17 ans, originaire de Mossoul et réfugiée en France,
proche d’Espoir Irak et scolarisée dans un établissement catholique en Ile-de-France

S’il y a une attitude qui nous surprend vraiment quand on échange avec les chrétiens que nous rencontrons dans les villages de la plaine de Ninive, c’est leur volonté de pardonner à ceux qui les ont chassés, qui leur ont tout pris, qui ont détruit leurs maisons, qui ont détruit leur vie.

Nous sommes admiratifs de cette attitude. Mais nous nous demandons comment il est possible de trouver du sens à ce pardon, comment il est possible de trouver la volonté et la capacité de le donner. Est-ce que nous serions capables d’en faire autant ? Nous savons que le pardon n’est pas un acte facile. Nous sommes confrontés à cette difficulté, dans une moindre mesure, dans le quotidien de nos vies, en familles, avec des amis, au travail, à l’école…

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« Vous ne pouvez échapper à la responsabilité de demain en vous dérobant à celle d'aujourd'hui. »
Abraham Lincoln

Ce qui peut paraître surprenant dans ce qu’ont vécu les habitants de la plaine de Ninive avec l’arrivée de Daech, organisation État islamique, c’est la facilité avec laquelle certains ont pu être manipulés par le discours de l’envahisseur, pour parfois le regretter amèrement par la suite. Qu’il s’agisse de musulmans sunnites qui ont vu en Daech le libérateur de l’oppression du pouvoir central des musulmans chiites, ou d’autres qui n’ont pas été en mesure de résister à cet endoctrinement, beaucoup se sont fourvoyés et ont cru à l’improbable.

Avec un peu de recul, la fascination que peut produire un discours de propagande est difficile à comprendre. Nous pouvons être tentés de critiquer ou même de moquer cette attitude qui peut sembler relever d’une forme de naïveté. À bien y réfléchir, nous pouvons, nous-mêmes, parfois tomber dans des attitudes similaires, sans pour autant que les conséquences ne soient aussi graves en termes de violence et de totalitarisme.

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« La solidarité (…) devient ainsi une manière de faire l’histoire, un domaine vital où les conflits, les tensions et les oppositions peuvent atteindre une unité multiforme, unité qui engendre une nouvelle vie. »
Pape François, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium n° 228, 2013

En Irak, les familles réfugiées ont toujours fait preuve d’une grande solidarité les unes envers les autres, que ce soit dans les camps où elles ont passé trois années, ou dans leurs villages lorsqu’elles y sont retournées et y ont retrouvé leurs maisons détruites. Dans les petites choses de la vie quotidienne, pour des gros travaux de reconstruction, ou encore pour des questions de sécurité, elles savent qu’elles peuvent compter les unes sur les autres.

De notre côté, alors que nous vivons dans une société très individualiste où même l’entraide familiale a parfois tendance à s’estomper, nous sommes interrogés par le témoignage de ce secours mutuel, d’autant qu’il se vit dans un contexte de violence et d’incertitude.
Nous pouvons ressentir l’envie, voire le besoin, de nous engager, nous aussi, pour aider ces familles. Et nous nous questionnons sur la façon de le faire pour que cela leur soit utile.

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« L'Irak restera toujours avec moi, dans mon cœur. Je vous demande à tous, chers frères et sœurs, de travailler ensemble dans l'unité pour un avenir de paix et de prospérité qui ne discrimine et ne laisse personne derrière »
Pape François dans le vol de retour d’Irak 

Le Pape François est le premier Pape à se rendre en Irak, en Mésopotamie berceau de notre civilisation, sur les traces d’Abraham le père des croyants.

Ce voyage intervient dans un contexte particulier. D’une part, le pays est encore très marqué par les cicatrices de Daech, dont la propagande cible régulièrement le Vatican. Les tirs de roquettes restent fréquents en Irak se sont même accentués avant la visite du Saint-Père. D’autre part, la crise sanitaire du Covid-19 n’épargne pas cette région du monde qui est en partie confinée avec un service de santé très défaillant. Enfin, le Saint-Père souffrait d’une sciatique ce qui a rendu ce voyage physiquement douloureux. 

Jusqu’au dernier moment, nombreux étaient ceux qui n’osaient croire que ce déplacement à haut risque pourrait se faire.

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